Une journée de plus dans le monde de Disney. Une de plus ou j'ai enfilé mon costume, ma robe sublime couleur vert d'eau, me maquillant, enfilant ma perruque pour devenir celle que je suis réellement. La princesse Ariel. Je suis tellement habituée à la jouer qu'elle est aujourd'hui une part de moi, comme je suis une part d'elle. Une sorte de schizophrénie qui m'aurait pris, mêlant deux personnalité pour en sortir une seule. Une nouvelle Carrie. A moins que ce ne soit une nouvelle Ariel ?

Qu'importe dans le fond, je met une fois de plus ma robe et deviens la princesse des océans rejoignant le pavillon des princesses, allant rencontrer nos guests si précieux, ces familles, amis, amoureux qui viennent vivre le temps d'une journée la magie Disney quittant les Etats Unis, Anaheim pour entrer au pays de Disney, comme si l'on passait dans une dimension parallèle en quelques instants, simplement en passant l'arche du parc et je m’évertue d'être la meilleure possible. Sourire, rire, jouer le jeu, faire des références au Disney, flirter avec des jeunes hommes, faire ressortir les princesses en chaque petite fille qui viens me voir, les princes dans les petits garçons, parce que c'est ça mon travail. La magie, le rêve. Des sessions de trente minutes, suivi de trente minutes de pauses dans une salle réservée aux performeurs ou l'on peut boire, s'asseoir, souffler un peu avant de reprendre notre rôle. Vous ne le savez peut être pas, mais c'est éreintant de jouer un rôle tout une journée, même si c'est particulièrement glorifiant.

Et puis l’après midi, la parade de Noël qui se déroule actuellement, ma présence sur le char dans une tenue de sirène magnifique, trente minutes ou je m'amuse à battre des jambes pour faire bouger ma queue de sirène, où je danse sur mon coquillage en envoyant des baisers à tous, saluant les enfants, envoyant un petit peu plus aux petites filles déguisées en Ariel aux adultes qui tentent de rendre honneur au personnage. Je suis après tout une princesse Disney et si je suis leur préférée, ils méritent un petit plus, un petit bisous, un petit air touché et puis, la journée se termine. Je ne suis pas sur le spectacle de ce soir, c'est ma collègue qui reprend le flambeau, qui fera la sirène, tandis que je mangerais tranquillement chez moi, devant ma télé ou peut être avec un bon livre ? Qu'importe, ma soirée est libre est c'est un plaisir.

Je rentre donc chez moi, regrettant toujours l'absence d'un félin qui me ferait la fête en me voyant rentrer. Je range quelques affaires, j'allume la télé pour un bruit de fond, puis je me met à mon train-train habituel. Un peu de ménage, un peu de lessive si besoin et la sonnette de mon interphone qui me fait relever la tête. Je me demande qui peut bien me rendre visite, car je n'attend personne. Alors j'ouvre le canal, et j'entend la voix familière d'Eli. Mon maquilleur préféré, mon meilleur ami gay, un homme superbe dont je regrette parfois l'homosexualité, car oui, j'avoue que je l'aurai bien laissé se glisser entre mes draps si il l'avait voulu, mais cette possibilité était morte lorsqu'il m'a avoué préféré tater de la verte plutôt qu'un sein.  Il avait besoin de me parler avant de me parler. J'ouvrais donc le laissant monter et alors qu'il tapait à ma porte et que j'entrouvais, inquiète et curieuse, il me sortis le code que j'attendais depuis qu'il m'avait avoué son béguin sur l'ex fiancé de ma meilleure amie. Il l'avait embrassé, ce qui m'exulta au possible, me faisant ouvrir ma porte en grand pour qu'il entre.

« Comment ça tu l'a embrassé ? Qu'est ce qu'il s'est passé ? Comment c'est arrivé ? Il est gay alors ?! »

Des questions qui se suivaient, des questions que je posais en fermant ma porte, prenant une bière dans le frigo et la tendant à Eli qui devait en avoir bien besoin.

« Assied toi et explique moi tout, je veux tous les détails ! »

Ralentir la cadence. Voila une chose difficile à faire lorsque votre meilleur ami viens vous annoncer qu'il a réussi un exploit que vous pensiez à peine possible. Enfin, non, en vérité, j'étais persuadée que Jay finirais par succomber au charme d'Eli, car, quoi qu'il puisse en dire ou penser, il est gay. Le fait de ne pas l'accepter ou de ne pas se l'avouer est juste une chose de plus qui le fait souffrir et fait souffrir ma meilleure amie. J'avoue ne pas avoir encore bien penser à comment elle réagira le jour ou elle comprendra que son ancien fiancé prend plus de plaisir dans les bras d'un homme que d'une femme, mais il faut gérer les problèmes comme ils viennent, les un après les autres. Problème du moment, satisfaire ma curiosité et mon besoin de ragot. C'est mal, je sais, mais j'aime ça et ça me tiens en vie, surtout lorsqu'il s'agit de vivre une vie amoureuse au travers mes amis, puisque je n'en ai aucune !

L'explication commence donc. Tasha, la petite princesse sublime devait être gardée pour que son père puise prendre une soirée. Jusque là je suis l'idée, c'est déjà assez difficile de passer de célibataire endurci à père célibataire, on va pas lui en vouloir au petit Eli d'amour. Mais la suite laissa...sur sa faim. Failli coucher avec un mec. Failli seulement ?! Je l'écoute pourtant avec attention sirotant ma boisson, ne le lâchant pas une micro seconde des yeux, comprenant bien la douleur de son cœur, l'amour qu'il éprouve pour Jay, son incapacité à se laisser toucher par un autre tant cet amour le dévore, la dualité des sentiments et des désirs, on se croirait dans un roman d'amour potentiellement érotique !

« Et il était comment le mec que t'as failli sauter ? Il ressemblait à Jay ? Il était mignon ? Il était bien monté ? Non attend, je m'égare. C'est pas bien de boire autant ! T'es père maintenant, faut que tu fasse attention ! Bon maintenant continu je veux la suite ! »

Oui c'était ma façon de faire, je me perdais entre mon désir de voir les choses avancer, d'avoir des histoires de cul et le devoir qui est important également. Apres tout, j'adore sa fille et ça me ferai mal à l'anus qu'on vienne à dire qu'il est mauvais père ou s'occupe mal de sa fille. Par ailleurs son air coupable montrait bien qu'il était gêné et ennuyé par la situation. Je ne sais pas trop si c'est la gêne d'avoir fini dans un état si déplorable ou le fait de m'avouer qu'il a failli se faire mettre dans les toilettes d'une boite qui le met dans cet état. Quoi que non, Eli est pas soumis, je suis sur que c'est lui qui met et pas l'inverse !

La partie sur le retour vint et ma boisson était déjà a moitié bu, la discussion avec Eli, le comment de la soirée, la catastrophe et je suis sur le point d'imploser, j’attends le moment, j’attends le baiser, la déclaration, un truc qui me fasse rêver, mais ça met du temps à venir et plus il épilogue, plus mes yeux s'agrandissent d'excitation, d'impatience, de curiosité jusqu'à ce qu'il parle de sa question qui qui me fit avancer un peu plus vers lui, comme une enfant attendant le dénouement d'une histoire particulièrement intrigante et finalement... Le baiser. Heureusement pour moi, la boisson était reposé car je levais les bras au ciel en poussant un cri d'excitation avant de revenir à ma position d'auditrice attentive quoique...

« Et c'était bien ? Il embrasse bien ? Ses lèvres sont douces ? Elles ont quel goût ? T'as apprécié ? Ca a été plus loin ? Il veux aller plus loin ? Ton baiser l'a excité ? T'as vu une bosse dans son pantalon ? Il a répondu à ton baiser ou il s'est juste laissé faire ? »

Bon ça fait beaucoup de questions, mais elles sont importantes ! Enfin la bosse dans le pantalon peut etre pas, mais ça me fera un rêve érotique pour combler mes nuits de solitude. Mais la réalité frappa quelque peu ce doux rêve avec la difficulté de la situation et le regard de mon ami qui annonçait que c'était bien loin d'être fini, bien loin du happy end des Disney entre lui et Jay, ce qui me fit réfléchir quelques instants, histoire de ne pas sortir une grosse connerie.

« Je pense...qu'il est gay, mais ne veux pas l'avouer car ça lui fait peur. Je veux dire, il était fiancé à Jude et depuis qu'elle est revenu, elle veut rien de plus que de se remettre avec et il veux pas. Pour quelqu'un qui était fiancé et amoureux...c'est bizarre quand même. Tu dois pas perdre courage. T'as déjà fait un grand pas là, maintenant tu dois...prendre ton temps et lui faire la cours!Quand on se sent aimé sincérement on a du mal à résister, c'est dans les gênes humains. Montre lui que tu l'aime vraiment et il finira dans ton lit à couiner sous tes coups de butoir...après tu viendra me raconter ! »

Je lui fait un sourire accompagné d'un clin d'oeil amusé, esperant lui tirer un sourire ou un petit rire au moins.