joe & jake

Adossé contre le mur de la salle de sport, je fixe mes élèves une clope en bouche. Certains me regarde bizarrement, sans doutes parce que je n'ai pas le droit de fumer ici. Je ne peux pas leur en vouloir ce sont des petits nouveaux, ils n'ont pas l'habitude d'avoir un prof' comme moi. Quelques uns se permettent même de glander! Tapotant ma cigarette au dessus d'une canette vide, je me rends d'un pas rapide vers ces derniers. N'étant pas d'humeur clémente (l'ai déjà été ?), j'attrape les deux vauriens par les oreilles et leur murmure ces tendres mots.

« Si jamais vous ne levez pas votre c*l  tout de suite, je vais me faire un plaisir de vous envoyez à l'infirmerie.»

Des menaces ? oui j'en suis bien conscient et je ne m'en cache pas. Jusqu'ici je n'ai jamais eu de problème avec la direction quand à ma façon de travailler, sans doutes parce qu'ils s'aperçoivent des efforts fournis par les élèves! Si je ne leur donne pas de répit c'est sans doutes parce que je ne supporte pas les gens qui abandonnent sans même avoir essayé. C'est ça l'esprit militaire, on ne lâche rien! Bien sûr mes hommes n'avaient pas le choix, leurs vies en dépendait...mais dans un sens je pense que c'est également le cas des étudiants, sans doutes pas de la même manière mais je considère que c'est tout de même le cas. Je me mets à leur place, s'ils avaient un professeur trop laxiste ils ne progresseraient jamais et leur rêve partirait vite en fumée. Sans vouloir me vanter, j'aurais adoré avoir un prof comme moi à l'époque ou moi aussi j'étais étudiant...j'aurais sans doutes eu ma bourse d'étude grâce au sport et pour sûr que ma vie aurait été différente...même si je ne regrette rien de mon passé.

Après avoir motivé ma petite troupe, je retourne à mon occupation nicotine puis termine ma journée de cours. Fatigué, je n'adresse pas un mot à mes collègues et rentre directement chez moi. Ouvrant la porte du réfrigérateur je m'aperçois que je n'ai que des produits frais, ça c'est encore ma génitrice qui a dévalisé mon frigo pour en faire un véritable potager. Absolument pas motivé à faire de la cuisine (et on ne peut pas vraiment dire que je sois doué pour en faire d'ailleurs, je dois être le seul homme à être capable de rater des pâtes), je regarde dans mon porte-feuille si j'ai de quoi commander une pizza. Bon, ce soir ce sera une pastabox hein.

Un petit quart d'heure plus tard, je me retrouve dans le centre commercial, un peu trop grand à mon goût. Passant divers rayons pour chercher le mien, j'ai le malheur de voir celui des bières. Je prends quelques canettes et me rend vers le rayon frais. Dans ce même rayon, j’aperçois un petit minois que je ne connais que trop bien. D'un pas discret je me positionne derrière la dite personne et émet un souffle dans son oreille.

« Coucou toi! ♥ »

sans titre, parce qu'on ne sait jamais comment ça va finir!

« Ok, mais dites moi, quelle est votre voix préférée, Disney, comme hors Disney, dites moi! »

La voix grave et cassée de Joe s'élevait dans une petite salle de classe, équipée d'ordinateurs et de microphones. Une dizaine d'élèves l'écoutaient attentivement, bien qu'impatients de pouvoir poser leurs voix sur leurs héros préférés. Quelques mains se levèrent, timidement, et il en laissa certains s'exprimer. Un petit sourire s'étira en coin de ses lèvres, quand l'un des étudiants émit le nom de Ray, dans la princesse et la grenouille. Bien que fier que son travail soit reconnue, il hocha la tête d'un air profondément amusé :

« Je vous assure que complimenter le prof ne vous aidera pas à augmenter votre moyenne! »

Les élèves échappèrent de petits rires, et leu cour s'enchaîna assez rapidement. Il avait toujours pour habitude de laisser les élèves tester leurs aptitudes lors de la rentrée, alors ils posaient directement leur voix, sur n'importe quel dessin animé. Et là, ils pouvaient étudier leurs défauts, ou prendre conscience que le doublage est loin d'être aussi facile qu'on ne le pense. Il faut être dans le rythme, dans le personnage, il ne faut pas juste avoir une belle voix. Il faut avant tout être un bon acteur.

La journée de cours terminée, Joe devait passer au studio pour préparer et enregistrer quelques voix off pour Disney Chanel. Dès qu'il faut combler un personnage figurant, il est là pour faire le job. Sa journée avait donc été particulièrement longue, et pour combler le tout, en arrivant chez lui vers 20h, il se rendait compte que le frigo était vide. Les filles étaient en soirée ce soir, nul besoin de leur prévoir quelque chose, mais ce n'était pas une raison pour se laisser crever de faim. 20h30, il garait sa voiture sur le parking du centre commercial, et 20h32, il vagabondait dans les allées du magasin, cherchant l'inspiration d'un bon dîner. Un pizza ? Un burger ? Non pas du poisson, rien qu'en posant ses yeux sur les emballages, il grimaçait comme un gosse. Ho, des pommes de terres et du fromage fondu, à la française ? Ca doit avoir du bon de côtoyer des françaises, question bouffe. Un peu moins pour la ligne. Hop, le plat Français était dans son panier. Il ajouta quelques barquettes de sushis pour le lendemain, les filles adorent ça. Puis direction les sodas. Il évite d'avoir de l'alcool à la maison, mais il y a toujours quelques bières au cas ou ses potes passent à l'improviste - bon ok, surtout UN de ses potes.

« Coucou toi! ♥ » Joe sursauta presque au son de la voix qui venait de l'interpeller, aussi près de son oreille. La dernière fois qu'on lui avait fait ça, ça remontait à très loin, et la voix était plus douce et féminine que ça. Même plus sexy aussi. Se retournant avec surprise, ses yeux clairs se posèrent sur la silhouette nonchalante de son meilleur ami, qui se tenait - à peu près - droit, et plutôt fier de son effet.

« La vache j'ai bien crus qu'on allait me violer sur place! »

Ricanât-il en passant son petit doigt dans son oreille, comme si le souffle de Jake lui en avait altéré l'ouï, ou salit son tympan (peut-être un peu des deux). Bien sûr, son éternel sourire aux lèvres, il donna un petit coup sur l'épaule de Jake pour le saluer, et après un rapide coup d'œil dans son panier, il enchaîna d'un ton intéressé :

« T'as quand même pas prévu d'avaler ça tout seul ? »

Comprends par là que je m'invite. Joe et Jake, c'est le duo qui marche. Dès que les filles sont sorties ou échappées de la vie familiale, Joe dégaine son téléphone pour passer un rapide coup de file à Jake qui répond toujours présent. Honnêtement, ce soir il n'y avait pas pensé, trop crevé, mais à la simple vision des bières dans le panier de son camarade, et sa tête d'enfariné à peine cuvée, il ne pouvait pas résister. Contournant son acolyte, il traversa le rayon pour ajouter un autre paquet de bière, dans son panier, et il se dirigea vers les caisses, en duo.

« Ho, au fait, y'a encore eu des élèves qui se sont plaint de maltraitance en cours de sport. Rob leur a demandé si c'était avant ou après avoir joué les flemmards, et ils sont repartis la queue entre les pattes. »

S'arrêtant à une caisse, il déposa le contenu de son panier, et tendit que la caissière passait les achats, il sortait quelques billets pour tout régler.

joe & jake

« La vache j'ai bien crus qu'on allait me violer sur place! » Amusé et fier de ma bêtise, je donne une légère tape sur le dos de mon buddy (enfin, de mon ressentit c'est une légère tape, pour lui c'est peut-être différent...oh ma foi il a l'habitude!) puis j'agrippe un peu mieux mon pack de bières afin de ne pas faire tomber ces dernières. « Si t'étais pas aussi sexy je te ferais pas ça, tu peux t'en prendre qu'à toi-même! » Les quelques clients du magasin nous regarde étrangement, j'en fixe quelques uns puis glisse ma main vers le torse de mon meilleur ami.  « T'as quand même pas prévu d'avaler ça tout seul ? » Je regarde tristement mes boissons puis soupire, c'était bien mon intention oui, j'aurais aimé avoir autre chose à faire de ma soirée, comme une petite blonde ou deux à dévorer mais j'suis un mâle solitaire ce soir! Il me reste encore ma main gauche (parce que oui moi j'suis pas droitier les gars!) mais c'est loin d'être pareil.

« Bah c'était mon intention mais j'imagine que mes plans ont changés! »

Lui répondis-je, un sourire en coin. C'est tellement de la bromance entre nous qu'on ne peut pas se croiser quelque part sans passer la soirée ensemble après (ou si c'est le cas un jour c'est que j'vais pas bien et qu'il faut m'interner). Je fixe à mon tour les courses de Joe puis affiche un petit sourire, son caddie sera toujours différent du mien, quand j'avais mon gamin à la maison (même si ça n'a duré que six mois), j'avais à peu près les mêmes ingrédients...à la différence que c'était Jesse qui cuisinait, certainement parce que j'suis un bon à rien de père qui peut même pas lui faire un plat. Ah j'crois que j'ai vraiment besoin de boire ce soir, c'est franchement pas ma journée! Toutes manières dès que je commence à penser négativement j'finis toujours complètement ivre, les flics de la ville pourront en témoigner. « Ho, au fait, y'a encore eu des élèves qui se sont plaint de maltraitance en cours de sport. Rob leur a demandé si c'était avant ou après avoir joué les flemmards, et ils sont repartis la queue entre les pattes. » Oh fucking god, qu'est-ce que je l'aime mon patron! En plus d'être badass il est adorable avec ses employés.

« Haha, ça doit bien faire la troisième fois cette semaine! Ils sont tellement attendrissants ces premières années! M'enfin tu sais, j'ai aussi entendu parlé de toi dans les couloirs, à la différence que là c'était des petites minettes qui fantasmaient sur ta voix "trooop sex' !" on s'ennuit jamais dans c't'académie, j'adore mon taf! »

Pour sûr que si j'étais pas un prof tyrannique, j'serais aussi populaire que lui! Bon y a sans doutes quelques petites masochistes parmi les élèves mais elles se cachent bien! Enfin, pas que ça m'intéresse tant que ça d'être populaire parmi les étudiantes hein.

Avançant à mon tour vers la caisse, je dépose mon pack et quelques pastabox pour la semaine puis sors la monnaie. Pack sous un bras et le reste dans un sac plastique, je sors du magasin, bien décidé à passer une excellente soirée. Donnant un petit coup de coude à Joe, j'arque un sourcil puis dit :

« Chez toi ou chez moi ? »

J'adore sortir des petites phrases ambiguës comme ça, j'sais bien que je dois être lourd à force mais bon, j'suis comme ça, on ne me changera pas! (et puis c'est surtout comme ça qu'on m'aime...enfin je crois).

sans titre, parce qu'on ne sait jamais comment ça va finir!

« Si t'étais pas aussi sexy je te ferais pas ça, tu peux t'en prendre qu'à toi-même! » Des fois, en regardant des séries comme The Big Bang Theory, vous êtes persuadé qu'un type comme Howard ou Radj ne peuvent pas exister dans la réalité. Puis vous faites la connaissance de Jake, et vous n'avez plus qu'à vous les mettre là ou je pense, vos statistiques. Ce type est pire que Jack Sparrow. Le plus frustrant dans tout ça, c'est que plus vous allez le détester, et plus vous allez l'adorer. Joe avait du mal à croire qu'un jour, il parvienne à se marier et fonder une vraie famille. Il n'en n'a pas la responsabilité, peut-être même pas l'envie. Ou alors il se trouva une alcoolique du même niveau, et ils vivront heureux jusqu'à la fin de leur vie, deux bières à la main. Ca pourrait paraître triste, mais Joe n'arrivait pas à pleurer sur le sort de Jake, qui visiblement, appréciait son mode de vie. Il ne pourrait peut-être jamais le comprendre. Le plus âgé avait bien conscience que le second n'était pas très fréquentable, et que le jour ou il se trouverait une parfaite petite épouse, il y a de grandes chances pour que cette dernière refuse de faire rentrer son copain à la maison. Remarquez, ce serait peut-être pas plus mal, parce que sinon, ils devront le prendre en charge quand il sera trop vieux, ça semble lui pendre au nez. Un peu comme Monica et Chandler dans Friends, obligés de prendre une chambre en plus pour Joey. Ca semble drôle, mais ça peut vous tuer un couple!

« Excuse moi mais il te manque de jolies formes, mademoiselle! »

Ce n'est pas un secret maintenant, il savait bien que Joe préférait les filles avec de jolies formes, pas les squelettes à la Nino Dobrev, qu'on aurait peur de casser rien qu'en lui prenant la main. Presque en louchant, Joe suivait des yeux la main de son ami qui se rapprochait de son torse, visiblement pour faire commérer les clients. Ok, ça pouvait être amusant dans des endroits ou personne ne le connait, mais pas dans son épicerie préférée. Adressant un regard à l'une des cliente, habitant son immeuble, il abaissa la main de Jake avec la paume de la sienne contre son poignet, et se tourna doucement vers la vielle dame.

« Madame Johnson. »

Saluât-il la vielle dame, avant de se diriger les caisses. « Bah c'était mon intention mais j'imagine que mes plans ont changés! » Joe étira son sourire alors qu'il payait ses courses. Rangeant le tout assez rapidement dans un sac en papier, il attendait son ami en scrutant chacun de ses achats. C'était à se demander comment il pouvait garder la ligne, en avalant autant de cochonneries et d'alcool à longueur de temps. S'il continuait comme ça, il allait finir comme Gerard Depardieu. Joe se sentait presque coupable de le laisser se détruire comme ça, mais s'il essayait d'entamer la discussion sur son style de vie, ça tournait tout le temps à l'engueulade. "Occupe toi de ton cul". Si encore il pouvait s'en occuper, de son propre cul. « Haha, ça doit bien faire la troisième fois cette semaine! Ils sont tellement attendrissants ces premières années! M'enfin tu sais, j'ai aussi entendu parlé de toi dans les couloirs, à la différence que là c'était des petites minettes qui fantasmaient sur ta voix "trooop sex' !" on s'ennuit jamais dans c't'académie, j'adore mon taff! » Le plus étonnant quand on l'écoute, c'est de savoir qu'il n'a jamais couché avec une étudiante. S'il y en a bien un qui en serait capable, c'est lui. Joe, il avait l'habitude des gens qui sourient à l'entendre, surtout depuis Ray. Faut dire qu'à lui aussi, c'était son préféré. Mais l'avantage d'être doubleur, c'est que personne n'ira fantasmer sur toi, tu n'apparait nul part. C'est un peu comme être Peter Parker sous le costume de Spiderman.

« Evite de vraiment en tuer un, si tu veux le garder, ton taff. »

« Haha Chez toi ou chez moi ? » Quelle question, valait sûrement mieux éviter la matriarche du plus jeune et le bazar de son appartement, alors optons pour l'entre des Geller. De toute façon, les filles sont absentes.

« J'ai un peu peur de ce qu'on pourrait trouver chez toi, viens à la maison, j'ai prit de quoi cuisiner! »

Ok, là ça fait très louche comme discussion. Et on voit tout de suite qui met le slip dans le couple... Ne s'étant même pas rendu compte de sa réplique très efféminé, Joe s'était installé dans sa voiture, reprenant la direction de son appartement. Une fois en bas, il attendait Jake pour monter les escaliers en sa compagnie, courses sous le bras. Les étages sont un peu longs chez lui, l'ascenseur est en panne depuis au moins trois mois, et visiblement, personne ne s'en inquiète - espérons qu'il ne restait personne à l'intérieur. Une fois dans l'appartement, il laissait Jake refermer, tendis qu'il allait déposer ses courses dans la petite cuisine. Il avait de quoi faire une pizza maison, aux légumes, ça ferait au moins un peu de vitamine dans le corps de l'autre abruti.

« Bon, hormis ça, elle s'est bien passée ta rentrée ? Et Jesse ? »

Joe avait bien bien comprit qu'il était sensé emménager chez Jake, mais l'histoire était encore floue et il n'osait pas trop en parler. Il était pourtant curieux de le connaître ce gamin. Il a du en voir de toutes les couleurs, et Joe était déjà prêt à venir à son secours, si son père déraillait. Il était certain que ce n'est pas un mauvais gars, mais faudrait vraiment le croiser, avant de le présenter à ses filles. Commençant à découper les légumes, et préparer la pâte, il se penchait vers la porte pour surveiller Jake, déjà une bière à la main.

« Hay, j'te préviens, les filles reviennent dans la nuit, tu ne t'écroule pas ivre mort sur le canapé! »

joe & jake

Je sais bien ce qu'il se trame dans sa petite tête poivre et sel, je suis conscient de mon état et sachez bien que je ne suis pas très fier de ce que je suis devenu. Mais je n'ai pas toujours été comme ça! Quand Melody était encore en vie j'étais un homme heureux et je ne buvais pas une goutte d'alcool! Croyez-moi ou non, je me fous bien de ce que vous pensez, mais j'étais un homme équilibré à l'époque. Mais le décès de ma belle m'a complètement anéanti, mon entourage à tenté de m'aider en me voyant sombrer dans la dépression et l'alcool mais j'suis bien trop amoché pour m'en sortir grâce à des "courage, la vie continue". On dit souvent "une de perdue dix de retrouvés" mais lorsque la personne en question est unique au monde, le dicton n'a plus aucun sens. Cela fait 9 ans qu'elle est morte et pourtant je ne m'en suis toujours pas remis! J'enchaine les relations d'une nuit, les sexfriends pour me consoler mais jamais je ne pourrais m'engager dans une relation. Je n'imagine même pas une seule seconde refaire ma vie...même si à l'évidence, tomber amoureux me ferait le plus grand bien...un bon coup de pied au cul, c'est ça qu'il me faudrait!  « Excuse moi mais il te manque de jolies formes, mademoiselle! » Oh alors là j'suis vexé! J'ai une jolie forme quelque part! Bon, pas sûr que celle-là lui plaise ceci dit. « Évite de vraiment en tuer un, si tu veux le garder, ton taff. » Amusé, je rigole face à sa remarque.

« J'suis cinglé mais pas meurtrier.»

Jusqu'à preuve du contraire, j'suis pas parfait mais je reste quand même un bon gars. J'suis peut-être pas toujours respectueux mais si je me comporte comme ça c'est pour leur bien. Je veux pouvoir les voir grandir et devenir ce qu'ils ont toujours rêver d'être! J'aime la sensation d'avoir accompli quelque chose de grand! Quand je vois des anciens élèves devenus des idoles Disney j'ai vraiment l'impression d'avoir bien fait mon job. Certes mes méthodes d'enseignement sont très particulières mais au moins elles sont efficaces. « J'ai un peu peur de ce qu'on pourrait trouver chez toi, viens à la maison, j'ai prit de quoi cuisiner! » Y a quelques heures c'est sûr qu'il aurait trouvé du bazar chez moi mais comme ma mère est venue faire le ménage chez moi cet après-midi, l'appart' est niquel. Si je ne suis pas complètement alcoolique c'est bien grâce à elle, elle est toujours derrière mon dos, elle jette les bières que je stock chez moi et les remplaces par du coca light (LIGHT PTN...WTF ?!) m'enfin, malgré son âge elle supporte encore un gamin comme moi, c'est certainement l'une des femmes les plus fortes que je connais! La seule qui compte pour moi à présent.

« Okaaay~ »

Il est mignon à ne pas se rendre compte du sens ambigu de ses propres mots. Sur ces dernières paroles, je prends également ma voiture puis suit Joe vers sa demeure...trajet que je ne connais que trop bien. En arrivant Joe n'attend pas pour se mettre à la popotte tandis que je m'installe confortablement sur son canapé. « Bon, hormis ça, elle s'est bien passée ta rentrée ? Et Jesse ? » En entendant le prénom de mon fils, j'émets un rictus douloureux puis m'ouvre une canette. Grâce à Dieu Jesse est l'une de mes rares réussites dans la vie. Je sais que je n'ai pas été assez présent pour lui et je paye mes erreurs aujourd'hui mais plus j'apprends à le connaître et plus je l'aime.

« Ma rentrée s'est bien passée oui, un peu comme celle de l'année dernière quoi...et Jesse, il entre pour la première fois à l'académie justement, il veut devenir acteur! Il va loger dans un des appart' de l'académie, ça vaut mieux pour lui j'crois, c'est un bon gamin. Et la tienne de rentrée ? »

C'est aussi pour lui que je veux changer. Je sais que sa mère est internée à cause de son alcoolisme (dont je suis responsable sans l'avoir voulu, je me suis séparé d'elle parce que la distance n'était plus supportable, pas parce que je ne l'aimais plus) je ne voudrais pas qu'il m'arrive la même chose, j'peux pas faire ça au petit. C'est pour ça que je ne ramène plus que des bières chez moi ces derniers temps. Pour vous ça ne représente aucun efforts mais pour moi c'est un grand pas! Avant je noyais mon chagrin dans le rhum, la vodka...bref tout les alcools durs. Ceci dit je refuse une quelconque aide, c'est pour ça que je ne supporte pas quand on critique mon mode de vie, Joe y comprit. Je sais qu'il s'adresse à moi ainsi pour mon bien mais j'veux pouvoir m'en sortir seul, je ne veux pas emm*rder mon entourage avec mes erreurs, j'veux pouvoir être capable de m'occuper de moi et de pouvoir dire que je m'en suis sorti tout seul...et qui sait, une fois que ce sera fait je pourrais peut-être prendre des cours de cuisine. « Hay, j'te préviens, les filles reviennent dans la nuit, tu ne t'écroule pas ivre mort sur le canapé! » Je tourne le regard vers la cuisine puis fixe la télévision tout en buvant une gorgée de bière.

« N'ai crainte, je voudrais pas que tes filles aient une mauvaise image de moi! »

Si ce n'est déjà fait. Enfin j'espère vraiment pas, elles aussi sont de braves gamines. Peut-être même que l'une d'elle pourrait sortir avec mon fils, lui sait traiter les femmes comme elles le mérite. Aaah, ça me manque de ne pas avoir ma belle à mes côtés quand je rentre à la maison. J'crois que ce qui me manque c'est tout simplement une présence à la maison! Je ne peux pas en vouloir à Jesse de ne pas rester chez moi, même si l'avoir avec moi m'aurait certainement aidé.

« En parlant de tes jumelles, elles font quoi elles ? »

sans titre, parce qu'on ne sait jamais comment ça va finir!

L'avantage avec Jake, c'est qu'au moins il le reconnait, qu'il a un grain. La plupart des types dans son genre, vous assureraient qu'ils sont saint d'esprits et que c'est le reste du monde qui a un problème. C'est bien du Jake ça. Je sais que je suis taré, mais je ne fais rien pour me soigner. C'est quelque chose que Joe n'avait jamais compris. Comment on peu se laisser aller autant. Lui aussi il en avait connu des galères, comme se retrouver seul avec ses gosses. Mais il était toujours remonté sur ses patins, comme on dit. Des fois, il aimerait bien pouvoir choper le col de Jake, le secouer dans tous les sens, et lui hurler dessus pour le réveiller. C'est tellement tentant. Mais Joe savait très bien que s'il essayait quoi que ce soit, Jake sortirait d'ici et il ne le reverrait plus jamais. Alors il ne disait rien, se contentant de le voir se détruire, autant de l'intérieur que de l'extérieur. « Ma rentrée s'est bien passée oui, un peu comme celle de l'année dernière quoi... Et Jesse, il entre pour la première fois à l'académie justement, il veut devenir acteur! Il va loger dans un des appart' de l'académie, ça vaut mieux pour lui j'crois, c'est un bon gamin. Et la tienne de rentrée ? » Coupant ses légumes, Joe tentait l'oreille à l'écoute de son ami, qui lui, s'était mis à l'aise sans même proposer de lever le petit doigt. Là dessus aussi, Joe n'en attendait pas plus. Ca valait mieux pour sa pizza de toute façon. Si Jake y touchait, il risquait bien de la massacrer. Il était quand même déçu d'entendre que Jesse ne vivrait pas avec son père. Quelque part, il avait espérer qu'avec son gosse dans les pattes, Jake se bougerait un peu.

« Peut-être qu'il avait envie de venir te voir un peu, non ? »

Demandait-il innocemment, tout en répartissant les légumes sur sa pâte et la sauce tomate. Joe n'a jamais été un très bon cuisinier, mais au moins, il parvient à faire des repas un peu meilleur pour la santé, que les Pasta Box de Jake qui vous prendre 5kg en un repas. - et que de la graisse pleine d'huile de palme et d'acides gras!

« N'ai crainte, je voudrais pas que tes filles aient une mauvaise image de moi! » Alors qu'il saupoudrait son œuvre d'un peu d'herbes de Provence, Joe roulait des yeux à cette remarque. Certes, Rosy et Romy adorent Jake, mais elles sont bien les première à remarquer qu'il est loin d'avoir une hygiène de vie convenable. Et dans un sens, ça rassurait bien Joe, qui y voyait ici l'assurance que ses filles sauraient se choisir un bon mari, et qu'aucune des deux n'iraient lui cacher une relation avec Jake - ou l'un de ses semblables. Il avait beau adorer Jake, Il ne pouvait pas s'empêcher de plaindre la moindre fille qui tomberait sous son charme. Ou alors il lui faudrait énormément de caractère pour le remettre sur le droit chemin.

« Bien. J'ai pas eu de têtes à claques encore, et comme t'as calmé Miller l'année dernière, il fait moins le malin. »

Bon des petits malins, y'en a tous les ans, mais certaines années plus que d'autres. L'année dernière par exemple, il y avait le petit Jay Miller, qui se croyait déjà dans ses champs. Il avait fait l'erreur de s'inscrire en cours de sport... Étrangement cette année, vous remarquerez qu'il a abandonné ce cour. Ho et puis Murphy, on en parle de Murphy ? L'élève préféré de Jake, toute année confondue! « En parlant de tes jumelles, elles font quoi elles ? »

« Toujours à l'université. Je les ai fait rentrer à Disneyland pour qu'elles bossent un peu. Romy est en coin photo et Rosy vend des glaces. C'est pas les meilleurs places qui soient mais au moins elles vont avoir de quoi se payer ce qu'elles ont envie. »

Et sans que Joe ne soit obligé de passer ses après-midi au shopping pour tenir les paquets et la carte de crédit. Faut dire que niveau besoins, les petites elles se font de plus en plus envieuses, et quand il y en a deux à gérer, c'est loin d'être simple. Enfournant sa pizza dans le four, Joe sorti quelques gâteaux apéritifs qu'ils vida dans un bol, et se dirigea vers le salon, déposant les récipients sur la petite table, en face de Jake.

« Si tu ne veux pas que Jesse se sente trop seul, on devrait leur organiser une petite soirée tous les trois. Je sais à quel point c'est stressant d'atterrir dans une nouvelle ville, et les filles ont eu l'avantage d'être ensemble. Elles prendront soin de Jesse. »

Sans même leur demander leur avis c'était peut-être risquer de faire ça, mais Joe se voyait mal laisser Jesse dans la mouise, sachant que ce ne serait visiblement pas son père qui viendrait à son secoure. Attrapant une bière, l'homme s'installait dans un fauteuil, se désaltérant un peu la gorge avant de reprendre, les yeux maintenant rivés sur Jake.

« Aide le. Le laisse pas tout seul. Il en a besoin, et toi aussi. »

Assurât-il en pointant sa bouteille vers Jake.

joe & jake

« Peut-être qu'il avait envie de venir te voir un peu, non ? » Je bois une gorgée de bière avant de laisser mes avants-bras se reposer sur mes genoux. Le regard dans le vide, je soupire. A vrai dire je ne sais pas trop quoi en penser, j'sais même pas comment me comporter avec lui! Je n'ai jamais été un bon père pour lui, je ne le voyais que très peu et les rares fois ou j'avais des vacances (plutôt rares à l'armée) je n'allais le voir que pour quelques heures le temps de lui offrir deux-trois cadeaux et de grailler un mcdo (comme quoi j'étais déjà un grand cuisto' à l'époque, je tiens ça de mon père il paraît) autant dire que question paternité j'ai du retard à rattrapé. Facile à dire mais pas à faire ceci dit, je ne vois pas comment je vais pouvoir construire petit à petit une bonne relation père-fils dans ma situation.

« Je sais pas, peut-être...ou peut-être pas. J'sais pas comment me comporter avec lui, je le connais à peine...»

ça me déchire le cœur de l'avouer mais c'est la réalité, Jesse n'est ici que depuis quelques mois, en 6 mois je l'ai vu bien plus de fois que dans toute sa vie, c'est vous dire. Tout ce que je peux dire c'est qu'il a hérité du caractère de sa grand-mère et ça franchement, c'est pas bon signe. Bon je me mets aussi à sa place deux minutes, il a dû mûrir avant l'heure ce pauvre gamin, sa mère à fait de son mieux pour qu'il ait une enfance normale mais même si je n'étais pas là pour le constater, je suis pratiquement persuadé que ce n'était pas le cas...enfin, j'suis franchement mal placé pour critiquer. « Bien. J'ai pas eu de têtes à claques encore, et comme t'as calmé Miller l'année dernière, il fait moins le malin. »  J'émets un rire franc, je me souviens encore de ce Miller, c'est vrai qu'il faisait le ptit malin à l'époque...certainement pour draguer de la donzelle.  

« Ouai j'me disais bien aussi qu'il y avait peu de chance pour qu'il s'inscrive à mon cours cette année.»

Mine de rien je me moque mais il a du talent, je m'en suis rendu compte très vite et c'est pour cette raison que j'me suis un peu acharné sur lui je l'avoue. Entre lui et Murphy j'en ai eu des pépites! ils sont pas près de m'oublier ces deux-là!  « Toujours à l'université. [...] C'est pas les meilleurs places qui soient mais au moins elles vont avoir de quoi se payer ce qu'elles ont envie. » Ma bouteille presque vide à la main, je m'adosse une nouvelle fois sur le canapé de mon meilleur ami tout en le fixant du coin de l'oeil. Je suis envieux de sa relation avec ses filles, je sais que ça n'a pas été facile pour lui de s'occuper de ses jumelles et que son histoire n'est pas plus glorieuse que la mienne...lui a trouvé comment s'en sortir, moi je patauge encore.

« Les premiers boulots sont rarement les meilleurs, c'est bien qu'elles travaillent en plus de l'université, elles ont du courage.»

Je ne sais pas encore si Jesse a trouvé du travail à Disney à côté de ses études, mais je m'en fais pas pour lui, puis de toutes manières je lui ai crée un compte il y a des années au cas où il se retrouverait dans la galère niveau tunes...si ça peut l'aider, j'peux bien faire ça.  « Si tu ne veux pas que Jesse se sente trop seul, on devrait leur organiser une petite soirée tous les trois. [...] Elles prendront soin de Jesse. » Sans aucune gêne, j'attrape quelques gâteaux apéritifs dès qu'il les posent sur la table puis réfléchit.

« Ouai, pas con. J'ai entièrement confiance en tes filles et Jesse est très sociable, ça devrait bien se passer.»  

Pour une petite soirée je pense pas que nos enfants refuseront. « Aide le. Le laisse pas tout seul. Il en a besoin, et toi aussi. » Empoignant ma bouteille presque vide, je tape doucement cette dernière contre celle de Joe puis boit la dernière gorgée qu'il me reste.

« Je sais. Mais je sais pas comment m'y prendre...Jesse je l'ai plus vu en 6 mois que je ne l'ai vu en 21 ans, je le connais pas, il me connait pas.» Les coudes à nouveau sur les genoux, je passe ma main dans mes cheveux emmêlés puis ferme les yeux, complètement dépassé par la situation.  « Il m'en veut et du coup je sais pas comment l'aborder sans qu'il me traite comme la peste...et j'peux pas lui en vouloir pour ça.» A sa place je pense que je n'aurais même pas mis un pied chez moi quitte à dormir sous les ponts...heureusement qu'il a plus de jugeote que son père.

« Je garde quand même espoir, ça viendra petit à petit, j'veux pas le brusquer et risquer de le perdre définitivement.»

sans titre, parce qu'on ne sait jamais comment ça va finir!

« Je sais pas, peut-être... Ou peut-être pas. J'sais pas comment me comporter avec lui, je le connais à peine... » Joe avait un regard attristé sur la situation. Il avait bien du mal à s'imaginer sur un tel fil, en équilibre, avec ses filles. Il ne l'aurait pas supporter. Il aurait probablement tout fait pour se rapprocher d'elles, le plus vite, le plus tôt aussi, ne laissant aucune barrières du temps, s'installer entre eux comme a pu le faire Jake. Il le comprenait bien sûr, mais il avait de sérieuses envies de secouer Jake et de lui sommer de filer voir son fils et de s'occuper de lui, que le petit le veuille ou non. Après tout, il est son père, c'est son devoir, même si le gamin n'est pas tout à fait d'accord. Il s'y fera, et il s'attachera à son père avec le temps. De toute façon, se gamin a vraiment besoin de son père, autant que son père a besoin de lui. Jake, il lui faut quelque chose pour le relever, le réveiller, et Joe en était sûr, ce truc, ce serait probablement Jesse. Il restait néanmoins silencieux, avalant sa bière, les yeux divaguant sur Jake, comme espérant qu'il y réfléchisse sérieusement.

« Ouai j'me disais bien aussi qu'il y avait peu de chance pour qu'il s'inscrive à mon cours cette année. » Manquant de recracher le contenu de sa bière, prit d'un petit rire, Joe reposait sa bouteille sur la table basse, avalant comme il le pouvait, et passant le revers de sa main sur sa bouche. Il haussait une épaule à cette idée, rien qu'en imaginant l'anglais se pointer aux cours de sport, tel un fou une année de plus. Il aurait probablement quitté l'académie avant Noël s'il avait tenté une telle chose.

« Visiblement il n'est pas encore assez perturbé. »

Non pas que Miller le soit spécialement - quoi que - mais Joe avait souvent l'impression que la plupart de leurs élèves ont un sérieux problème. Faut croire que pendant, comme après l'adolescence, les jeunes sont tous vraiment stupides. Et il est passé par là lui aussi, il sait de quoi il parle. Puis bon, on oublie souvent ces détails quand on remarque leurs talents. Un gamin comme Miller par exemple, une année dans leurs locaux et déjà il est à l'affiche d'un spectacle à Disneyland, comme chanteur. Murphy, idem, en tête d'affiche de Frozen Live. Qui aurait put croire ça de deux têtes à claques ? Et ils ne sont qu'un exemple parmi tant d'autres, parce que des talents il y en a plein l'école, certains manquent juste le coche pour bien l'exploiter.

« Les premiers boulots sont rarement les meilleurs, c'est bien qu'elles travaillent en plus de l'université, elles ont du courage. » Il minaudait à cette réplique, pas vraiment d'accord. Les premiers boulots peuvent être intéressants, lui par exemple, il avait souvent donné de son temps aux studios Disney avec son père. Et même si c'était payé une bouchée de pain, ça avait endurcit son cv.

« Ho crois moi, y'a pire. Elles ne vont pas être malheureuse à Disneyland. »

« Ouai, pas con. J'ai entièrement confiance en tes filles et Jesse est très sociable, ça devrait bien se passer. » Et bah voilà, si le petit est sociable, y'a pas de raison pour que ça ne se passe pas bien avec son père. Étirant un malicieux sourire à cette idée, Joe pointait à nouveau le goulot de sa bouteille vers son ami.

« Un bon point pour toi aussi, s'il est pas compliqué ce p'tit. »

« Je sais. Mais je sais pas comment m'y prendre... Jesse je l'ai plus vu en 6 mois que je ne l'ai vu en 21 ans, je le connais pas, il me connait pas. Il m'en veut et du coup je sais pas comment l'aborder sans qu'il me traite comme la peste... Et j'peux pas lui en vouloir pour ça. » Son ami fait peine à voir, visiblement torturé par la situation. Joe tente un petit sourire compatissant, avant de se lever, se penchant vers lui pour déposer amicalement sa main sur son épaule, d'un geste qui se veut réconfortant. Il ne pouvait pas faire grand chose de son côté de toute façon, si ce n'est peut-être parler à Jesse s'il s'entend bien avec les jumelles. Puis honnêtement, il ne devrait pas s'en mêler de trop, ce ne sont pas ses oignons. Même s'il aimerait que leurs relations s'arrangent afin que Jake sorte du gouffre, il ne peut qu'être spectateur de tout ça. Rosy et Romy ne s'empêcheront certainement pas de le lui rappeler s'il tentait de s'immiscer dans la vie de Jake et Jesse.

« Laisse lui le temps de comprendre. Quand vous aurez eu une discussion franche, ou chacun sortira ce qu'il a sur le cœur, certes ce sera difficile à encaisser, mais ça ira mieux après. Vous avez besoin de parler tous les deux, et de passer du temps ensemble. Mieux vaut tard que jamais, Jesse le comprendra un jour ou l'autre. »

Il tapotait l'épaule de Jake avant de disparaitre dans la cuisine, afin de sortir la pizza du four. Il la coupait en plusieurs parts avant de la ramener dans le salon, la déposant au centre de la table basse. Il se réinstallait alors dans le fauteuil, attrapant une part qu'il commençait à manger. Se débattant avec le fromage fondu, il ajoutait :

« on ne peut rien changer au passé, mais on peu toujours arranger le futur. Ne l'ignore pas. »

joe & jake

« Visiblement il n'est pas encore assez perturbé. » Empoignant mon paquet de cigarette (vide, vivement le jour de paye!), j'en prends une. D'un geste lent je me rapproche de la petite table et prends le cendrier afin de le poser entre mes genoux. J'émets un petit rire lorsque mon interlocuteur m'informe que je n'ai pas assez tyranniser mon ancien élève. « C'est pas vrai, il te fait la misère ? n'hésite pas à l'envoyer en cours de sport quand il est trop chiant, j'me ferais un plaisir de l'accueillir! » J'en profiterais pour tâter ses muscles, pas sûr qu'il continue les exercices quotidiens que je lui avais dis de faire. Enfin...il est loin d'être le seul à ne pas être assez perturbé, j'ai plusieurs gars qui prennent la salle de sport pour une salle de sieste et plusieurs demoiselles qui sont bien trop occupées à se préoccuper de leur rouge à lèvres matt liquide pour se bouger le derche.

« Mais y a pas que lui, j'en ai des doués aussi cette année, je m'amuse comme un petit fou   »

...à leur tirer les oreilles. « Ho crois moi, y'a pire. Elles ne vont pas être malheureuse à Disneyland. » C'est vrai que si j'avais pu commencer par un premier petit boulot à Disneyland, j'aurais été heureux! A la place j'ai travaillé pour la première fois dans un petit bar miteux dont l'odeur me répugnait un peu plus chaque jour. « C'est vrai qu'il n'y a pas trop à se plaindre.» Jesse ne m'en a pas touché un mot mais nul doute qu'il doit être dans son élément à Disney!  « Un bon point pour toi aussi, s'il est pas compliqué ce p'tit. » Tirant une autre taf tout en croisant mes jambes sur la petite table (il ne faut jamais me dire "fait comme chez toi", parce que c'est une phrase que je retiens plutôt bien), je souris.

« Ah non la dessus je m'en fais pas! Puis personne ne peut lui résister à ce gamin de toutes manières! »

Il a hérité du charme légendaire de son père après tout.  « Laisse lui le temps de comprendre. [...] Mieux vaut tard que jamais, Jesse le comprendra un jour ou l'autre. » Je finis ma cigarette puis tends ma main vers la pizza pour en prendre une part...ah le fromage fondant y a que ça de vrai! Une bouchée après l'autre, j’acquiesce puis réponds : « Ouai, on verra bien! Pour le moment j'aimerais qu'il se concentre sur ses études, on verra le reste après! Surtout que maintenant qu'il est à Anaheim, on aura tout le temps de parler.» Enfin j'espère. En tout cas je ferais tout pour, je ne tiens pas à perdre encore une personne qui compte pour moi, je m'en remettrais pas.  « on ne peut rien changer au passé, mais on peut toujours arranger le futur. Ne l'ignore pas. » Ah oui j'en suis bien conscient, et j'ai l'intention de remédier à ma situation instable...j'ignore encore comment mais ça finira par venir.

« Oui je sais.»

J'ai rarement cette expression sérieuse que j'arbore en ce moment, d'habitude c'est plutôt ma célèbre tête d'abruti/sadique que j'impose à mon entourage...comme quoi, je sais être sérieux sur certains sujets...en même temps je me vois très mal rigoler sur ce dernier. Finissant mon délicieux met, je tape l'épaule de mon meilleur ami avant de sourire. « Bon et sinon...netflix ou ps4 ? » Arquant un sourcil, j'émets une expression coquine et laisse glisser mon doigt le long de la jambe de mon interlocuteur.

« Sinon on peut toujours aller dans ta chambre...»

Pas sûr qu'il accepte.

sans titre, parce qu'on ne sait jamais comment ça va finir!

« C'est pas vrai, il te fait la misère ? n'hésite pas à l'envoyer en cours de sport quand il est trop chiant, j'me ferais un plaisir de l'accueillir! » Mh, il préférerais sûrement faire l'école buissonnière. Il se la joue facilement, mais il n'est pas très courageux de Miller. Comme la plupart de ses camarades d'ailleurs. Le seul qui semblait ne pas vouloir se laisser marcher dessus, c'était Murphy. On ne le regrette pas parce qu'il fatigue bien trop vite ses professeurs, mais d'un autre côté, lui au moins, il avait des couilles. - Dont il se sert un peu trop aux dires et rumeurs actuelles, d'ailleurs. « Mais y a pas que lui, j'en ai des doués aussi cette année, je m'amuse comme un petit fou. » Joe restait silencieux, pas vraiment certain que ce soit bon signe. Il ne remettait pas en cause de savoir faire de Jake, ni même sa profession, mais il avait toujours un peu peur que ses réactions soient exagérées. Il oublie trop facilement qu'ici, c'est une école d'arts, on apprend à devenir un artiste, pas un soldat. Bons nombres des élèves ont peur de lui, réellement peur. Me^me le directeur se pose des questions, à en juger la discussion qu'il a imposé à Joe quelques jours plus tôt, pour avoir des informations sur l'attitude de Jake, en dehors de l'école. Joe est toujours le premier à cacher Jake et prendre sa défense, mais parfois, il se demande si c'est vraiment être un bon ami que d'agir ainsi. Il devrait sûrement ouvrir les yeux et le faire interner.

« Ah non la dessus je m'en fais pas! Puis personne ne peut lui résister à ce gamin de toutes manières! » Il est vrai que si on en juge les photos, Jesse a tout d'un ange. Mais n'oublions pas que bons nombres des pires élèves de cet école ont des gueules d'anges. On en revient à Murphy. Quoi qu'il a plus la gueule de Ken que d'un ange, mais la référence était bien choisie. Le regard vide, Joe serre les dents à le voir fumer dans sa maison. Il a toujours testé ça, après il reste ici une odeur de cigarette froide... C'était sûrement pour ça qu'il s'était promis de voir Jake partout en dehors de chez lui maintenant. faudra qu'il s'en souvienne. « Ouai, on verra bien! Pour le moment j'aimerais qu'il se concentre sur ses études, on verra le reste après! Surtout que maintenant qu'il est à Anaheim, on aura tout le temps de parler. » Tout le temps, c'est vite dit. Les gens vont et viennent dans une vie... Il était assez bien placé pour le savoir, il s'est retrouvé père célibataire sans rien comprendre. Jesse est son fils certes, mais s'il ne le retient pas, il y a de fortes chances pour qu'il disparaisse dans la nature. Il est majeur. « Bon et sinon... Netflix ou PS4 ? » Joe était resté silencieux, tout le temps du discourt de Jake. Il n'aimait pas vraiment lui faire de réflexion ou de le contredire, sans quoi ils partaient dans des débats qui ne se terminaient qu'une fois que le plus jeune ait trop bu. « Sinon on peut toujours aller dans ta chambre... » Il le fait exprès ? Gardant le sourire, mais soupirant profondément, Joe attrapait sa boisson pour se renfoncer dans son fauteuil,.

« S'il y a bien une nana que tu n'auras jamais, c'est moi. »

Il sirotait tranquillement avant de reposer sa bouteille sur la table, et se levant, il allait jusqu'à la tv pour brancher la PS4, et la mettre sur Netflix. Le temps que l'application ne s'ouvre, il était déjà rendu dans la cuisine pour ranger le plat de pizza, sortir des boissons plus soft - pour lui parce qu'il se doutait que l'autre alcoolique allait vider ses bières - et quelques pâtisseries qu'il restait dans le placard. Le tout ramené sur la table, il se renfonçait dans son fauteuil, tout en lançant la manette sur Jake, pour qu'il choisisse un film. Comme toujours, ils allaient certainement passer deux heures avant de se mettre d'accord sur quelque chose, si bien que Jake serait rentré chez lui sans qu'ils n'aient le temps de regarder quoi que ce soit.

« Épargne moi Sex and the City, par pitié. »

Jake ne fait que baver sur l'actrice principale. Honnêtement, pour Joe, le seule film plutôt bon qu'elle ait fait, c'est New York's Eve.

« En parlant de nana, t'as des choses à raconter dernièrement ? »

Question banale rassurez vous, Joe n'avait aucune rumeur qui lui était remonté aux oreilles, ni quoi que ce soit. Mais il était toujours curieux de savoir si Jake avait rencontré une nouvelle proie ou non. On parle bien plus de proie que d'histoire, avec Jake...

joe & jake

« S'il y a bien une nana que tu n'auras jamais, c'est moi. » J'émets un ricanement, j'aime bien le charrier avec ça, Joe est ouvert à tout humour, même lourd (bien qu'il doit en avoir quand même marre de mes vannes foireuses). « Donc si j'ai bien compris j'arriverais jamais à te mettre dans mon lit ? quelle déception.» Le regard vide, je prends conscience que je fais tout pour clore la discussion Jesse, je m'y prendrais sans doutes mal mais c'est à moi de trouver une solution! Et puis ce serait dommage de gâcher une bonne soirée entre vieux potes avec des discours sérieux qui finirait de toutes manières par des reproches puisque le ton montera forcément, n'étant pas l'homme le plus patient de la terre. Alors que je m'apprêtais à prendre ma flasque à whisky bien cachée dans ma veste (j'ai beau me persuader d'avoir fait des efforts pour ne boire que de la bière, j'ai toujours ma petite flasque dans les cas de grosses déprimes), je fixe le regard accusateur de Joe puis abandonne et laisse l'objet dans ma veste, à contre cœur. « Épargne moi Sex and the City, par pitié. » Je me penche en avant afin d'atteindre le pack de bières à côté du canapé puis prends l'une d'entre elles. Joe, lui, est passé aux boissons sans alcool.

« D'accord mais c'est bien parce que j'peux rien te refuser. Si t'a rien contre, j'me materais bien The defenders, moi! »

Marvel c'est toute mon enfance. Des vieux comics aux nouveaux films et nouvelles séries, je ne rate pas une seule de leur création. « En parlant de nana, t'as des choses à raconter dernièrement ? » Buvant une nouvelle gorgée de ma boisson favorite -malheureusement- je ricane tout en fixant longuement l'écran de télévision. Franchement, rien de bien glorieux à raconter. Je sais bien ce que Joe aimerait m'entendre dire, que j'ai trouvé une demoiselle que j'apprécie et que j'aimerais me poser, devenir à nouveau sérieux! Mais visiblement, aucune de mes conquêtes n'a trouvé le courage de vouloir finir sa vie avec le vieux con que je suis...bon, faut dire qu'il faut vraiment vouloir perdre son temps pour désirer me dompter, et puis entre nous, j'fais pas de gros efforts non plus, c'est pas une sinécure de changer ma façon d'être.

« Si j'te dis que j'ai trouvé la femme de ma vie, tu me croirais ? »

A son expression, j'imagine que non. Bon, ma tentative d'échapper à la conversation à raté, tant pis.

« Conquêtes d'un soir mises à part, y a bien ma psy' que je dragouille de temps en temps mais elle est pas très réceptive à mes avances.»

Comprenant mon erreur, je lève le regard vers mon meilleur ami, ce dernier affichant une mine surprise. Merde, j'ai fais une bourde.

« Oui bon, ma rentrée s'est peut-être pas si bien passée que ça...-croisant le regard blasé de Joe, je peste- Oh pas besoin de me regarder comme ça! J'ai peut-être juste fait une erreur en ayant trop mis la pression à un gamin, et il se pourrait peut-être même que les parents de ce dernier se soient plains à Rob...et puis il te l'a certainement pas dit parce que c'est tout récent et que c'est censé rester confidentiel mais il se pourrait aussi qu'éventuellement, je sois obligé d'aller à des séances chez une psy'.»

Heureusement que cette dernière est sexy et que je ne suis pas tombé sur un vieux machin imbu de lui-même parce qu'il a un bon diplôme et des années d'expérience. Évitant le regard certainement pleins de reproches de mon interlocuteur, je sifflote doucement dans ma petite bouteille.

« 'Fin bref, on s'en fout de moi! Toi, tu dois bien avoir une belle femme en vue, nan ? »

sans titre, parce qu'on ne sait jamais comment ça va finir!

« Donc si j'ai bien compris j'arriverais jamais à te mettre dans mon lit ? Quelle déception. » Ce type est incroyable. Roulant des yeux, Joe s'abstenait de tout commentaire, bien qu'un sourire étirait ses lèvres, juste en coin. Il en venait presque à douter de l'hétérosexualité de son pote, bien qu'une fois bourré, si ça se trouve, il lui soit déjà arrivé de virer de bord. Joe était loin de connaître tous les détails de la vie de Jake, et c'était peut-être mieux ainsi. « D'accord mais c'est bien parce que j'peux rien te refuser. Si t'a rien contre, j'me materais bien The defenders, moi! » Il n'avait rien contre, rien pour non plus parce que la série ne l'attirait pas plus que ça, mais au moins, Jake serait sagement devant la télévision, et ne risquait pas de provoquer un énième cataclysme. C'est un peu comme ça à chaque fois qu'il reçoit Jake, il faut s'occuper de lui comme on gérerait un gosse de 3 ans. Surtout l'empêcher de passer ses deux doigts dans la prise de courant. « Si j'te dis que j'ai trouvé la femme de ma vie, tu me croirais ? » Échappant un petit rire, l'homme aux cheveux grisonnant s'accoudait au repose bras de son fauteuil, reposant sa tête sur sa main, tout en fixant le visage paumé de son ami, d'une mine franchement amusée.

« Sur un autre ton, j'aurais put y croire. »

Mais là il n'était guère convainquant. En même temps, lui trouver une nana sainte d'esprit semblait compliqué. N'importe quelle femme ayant les pieds sur terre fuirait devant l'énergumène. Et il ne manquerait plus qu'il se maque avec une alcoolique, il serait impossible de le sortir de ce monde. Honnêtement si tel était le cas d'ailleurs, Joe aurait probablement arrêté tout effort avec lui, refusant de passer sa vie à gérer l'âme perdu de Jake. « Conquêtes d'un soir mises à part, y a bien ma psy' que je dragouille de temps en temps mais elle est pas très réceptive à mes avances. » Du grand Jake hein ?

« Mon dieu, je la plains. On pari combien qu'elle démissionne avant la fin de ton traitement ? »

Le tout assuré d'un sourire presque mesquin. D'ailleurs... Pourquoi est-ce qu'il était suivit d'une psy ? Fronçant les sourcils en le réalisant, il se redressait sur son fauteuil, fixant curieusement son ami.

« Attends je viens de capter, tu vois un psy ?! »

Bon dieu y'a de l'avancement! Peut-être vas t-il réussir à se faire soigner. « Oui bon, ma rentrée s'est peut-être pas si bien passée que ça... Oh pas besoin de me regarder comme ça! J'ai peut-être juste fait une erreur en ayant trop mis la pression à un gamin, et il se pourrait peut-être même que les parents de ce dernier se soient plains à Rob... et puis il te l'a certainement pas dit parce que c'est tout récent et que c'est censé rester confidentiel mais il se pourrait aussi qu'éventuellement, je sois obligé d'aller à des séances chez une psy'.» Gnuh... Hu ? Wait! « 'Fin bref, on s'en fout de moi! Toi, tu dois bien avoir une belle femme en vue, nan ? » Hochant la tête de droite à gauche pour essayer de comprendre le fin mot de l'histoire, il fronçait finalement les yeux en fixant et soutenant le regard de Jake, tout en le pointant de son index, aussi mal poli soit ce geste.

« Attends attends, change pas de sujet là... T'as fais quoi à ce gosse ?
T'en a pas eu assez de Miller ? ... Attends c'est Miller qui s'est plaint ?! »

Ca ne serait même pas étonnant, ce gamin n'a pas arrêté de pleurer dans les jupons de Rob l'année dernière. Faut dire qu'il se prend un peu trop pour le prince des couloirs. Et Joe n'osait pas le dire à haute voix, mais il avait bien remarqué que le dit Miller, traînait sans arrêt avec Jesse depuis son intégration à l'école.

« T'as conscience une seconde, Jake, que si t'arrête pas tes conneries,
tu vas te faire renvoyer ? »

Il marquait une courte pause pour être certains que chacun de ses mots atteigne les neurones de l'alcoolique chronique.

« Parce que Rob est franchement concilient, bons nombres de directeurs t'auraient déjà renvoyé chez toi. Pense à Jesse... »

Quand allait il se réveiller ? Joe ne voulait pas lui remonter les bretelles ce soir, mais là, c'était grave quand même...

joe & jake

« Sur un autre ton, j'aurais put y croire. » J'affiche une fausse mine vexée et tourne mon visage à l'opposé du sien d'un geste vif. Geste qui est, d'ailleurs, accompagné d'un petit "Pfff!". Ma répartie ayant grandement baissée en valeur, je me contente de boire ma bière à une allure presque effrayante et sans plus attendre, j'en prends une autre. Ah alcoolisme, quand tu nous tiens! J'ai bien essayé de ne plus boire mais visiblement je n'y parviens pas. C'est la seule issue que j'ai trouvé pour me sentir mieux dans ma peau...c'est plutôt contradictoire pas vrai ? Mais le problème est là, j'ai longtemps considéré la boisson comme étant la seule chose qu'il me restait, oubliant même de considérer que j'avais un fils, une mère, un meilleur ami, des amis et des collègues sur qui je pouvais compter. Je m'imaginais seul au monde, emprisonné et souffrant. Aujourd'hui je suis conscient de l'aide que peuvent m'apporter mon entourage mais malheureusement l'alcool m'a déjà endommagé le cerveau, je suis parvenu à me calmer mais de là à ne plus boire une seule goutte d'alcool, ça je doute pouvoir y arriver. « Mon dieu, je la plains. On pari combien qu'elle démissionne avant la fin de ton traitement ? [...]  Attends je viens de capter, tu vois un psy ?! » Bien visiblement il n'y a pas que mon cerveau qui est endommagé, celui de Joe et plutôt lent en fin de compte. « Attends attends, change pas de sujet là... T'as fais quoi à ce gosse ? T'en a pas eu assez de Miller ? ... Attends c'est Miller qui s'est plaint ?! » Je ricane doucement.

« Ah non si ça avait été Miller je lui en aurais foutu une parce qu'il est franchement pas mieux! »

Heureusement je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis un petit moment! Mais nul doute que s'il avait été à la place du gamin, il m'aurait dénoncé lui aussi , sauf qu'il aurait été plus emm*rdeur et qu'il m'aurait cassé du sucre dans le dos. C'était un vaurien de la même espèce que lui mais ce n'était pas lui...heureusement pour son fessier! Je lui aurais botté le derrière tellement fort qu'il en sortirait hospitalisé! (ce qui aurait aggravé mon cas mais peu importe, ça me démange depuis que je connais ce gosse).

« C'était un gamin de la même espèce que Miller, il ne faisait que louper mes cours et les rares fois ou il venait, il s'amusait à se foutre de ma gueule. Du coup bah je lui ai fais faire un peu trop de sport...»

Une petite vingtaines de tours de terrain et une bonne dizaines de séries d'abdos, je l'ai épuisé et ridiculisé devant ses potes, pas étonnant qu'il se soit plains à la direction. Même si entre nous, je ne regrette pas ce que j'ai fais. « T'as conscience une seconde, Jake, que si t'arrête pas tes conneries, tu vas te faire renvoyer ? » Buvant ma nouvelle bière presque d'une traite, je baisse le regard, contemplant le sol pourtant insignifiant. Oui il n'a pas tort, c'est d'ailleurs ce que m'a dit Rob "arrête tes conneries", je devrais écouter les voix de la sagesse et me calmer mais c'est mon tempérament et il n'est pas facile à dompter, parlez-en à ma psy', elle vous dira ce qu'elle en pense. « Parce que Rob est franchement concilient, bons nombres de directeurs t'auraient déjà renvoyé chez toi. Pense à Jesse... » Oui c'est justement ça qui me perturbe. Je donne une mauvaise image de moi à Jesse depuis qu'il est petit et bien que j'aimerais m'améliorer, toutes mes tentatives sont vouées à l'échec. Cependant je déteste l'abandon et je suis motivé à changer.

« Oui je pense à lui, c'est pour ça que je bosse très bien depuis quelques jours, ça en amuse certains d'ailleurs...mais j'fais de mon mieux.»

Ma bouteille à présent vide et ne ressentant toujours pas le moindre effet de bien-être, je finis par sortir à nouveau ma flasque puis en boit le contenu. « Tu peux me dire ce que tu veux, maintenant que je me comporte pas trop mal au taf, je peux bien décompresser pendant mon temps libre.» Les pieds à nouveau sur la petite table, je presse la flasque contre le torse de mon meilleur ami.

« D'ailleurs toi aussi tu devrais décompresser, t'es trop coincé, bois! -je lui fais un clin d’œil- allez, faisons de cette soirée une bonne vieille soirée de beuverie! »

sans titre, parce qu'on ne sait jamais comment ça va finir!

« Ah non si ça avait été Miller je lui en aurais foutu une parce qu'il est franchement pas mieux! » Avait-il conscience que s'il avait frappé Miller, il aurait certainement finie renvoyé, et avec le tribunal sur le dos ? Car certes Miller n'est pas doté d'une grande intelligence, mais à en voir l'amour qu'il a pour Owens, tout aurait été bon pour le faire tomber. Surtout que, frapper devant les autres élèves, son orgueil en aurait prit un coup. « C'était un gamin de la même espèce que Miller, il ne faisait que louper mes cours et les rares fois ou il venait, il s'amusait à se foutre de ma gueule. Du coup bah je lui ai fais faire un peu trop de sport... » Grognant d'un ton exaspéré, Joe laissait retomber sa tête en arrière, avant de se redresser, et de hocher la tête. Honnêtement, il avait beau faire tous les efforts du monde pour que Jake change, se calme, ou ouvre les yeux, il avait comme l'impression qu'il parlait à un mur.

« Jake, bon dieu, ouvre les yeux. Tu peux pas faire tout ce qui te passe par la tête, comme ça, sans réfléchir. Ce sont des gosses, et aussi chiants soient-ils, y'a d'autres solutions. Tu dépose ton dossier à Rob, il se chargera d'exclure lui même ce type de gamin. Tu sais très bien qu'il déteste les jean foutistes. »

Sauf peut-être Miller, le problème de Miller, c'est qu'il a du talent, et que Rob le sait. Dès que son prénom est émit lors des réunions, il nous assure qu'il s'occupera lui même de son cas mais jusqu'ici, rien n'a changé. La seule issue qu'on ait, c'est que l'anglais abandonne lui même les cours. Ce qui semble lui trotter dans la tête ces derniers temps, parce qu'il ne parvient plus à joindre les deux bouts entre l'académie et son job aux parcs. « Oui je pense à lui, c'est pour ça que je bosse très bien depuis quelques jours, ça en amuse certains d'ailleurs... mais j'fais de mon mieux. »

« Faut que tu fasse mieux que ça. »

Répliquait le plus âgé, les yeux rivés vers les siens avec insistances. Faire de son mieux, dans la bouche de Jake, c'est pas le plus gros effort du monde. Et il a bien besoin d'être boosté, plus que ça. « Tu peux me dire ce que tu veux, maintenant que je me comporte pas trop mal au taf, je peux bien décompresser pendant mon temps libre. » Blasé, Joe le regardait boire ce qu'il pensait être du Whisky, ou quelque chose du genre, dans sa flasque de poche. Et quand le second venait lui plaquer le récipient contre le torse, il abaissé son regard jusqu'à la bouteille. « D'ailleurs toi aussi tu devrais décompresser, t'es trop coincé, bois! Allez, faisons de cette soirée une bonne vieille soirée de beuverie! » Sourire ironique et fatigué aux lèvres, Joe prenait la bouteille pour la tendre à Jake, et non pas pour en picoler quoi que ce soit. Jake ne changeait pas, et ça le fatiguait grandement.

« Non, j'ai cours à la première heure demain. »

Il se hissait hors du fauteuil pour ranger ce qui traînait encore, dont le cendrier qu'il ôtait d'ici, pour le vider dans la poubelle. Peut-être qu'en faisant cela, Jake comprendrait qu'on ne fume pas à l'intérieur.

« Je te signal d'ailleurs, que toi aussi, et que t'auras pas écumé demain... »

Le travail ne sera jamais bien ainsi...

joe & jake

« Jake, bon dieu, ouvre les yeux. [...] Tu sais très bien qu'il déteste les jean foutistes. » Oui je sais. Mais habituellement (parce que maintenant je prends sur moi) je n'arrive pas à me contrôler...certainement la bibine qui cause ça. L'esprit militaire est encore bien ancré dans mon esprit et bien que je sois conscient qu'il faut que je m'en débarasse au plus vite, c'est plus facile à dire qu'à faire. Si j'avais entrainé mes hommes comme je dois entrainer mes élèves, pour sûr qu'ils n'auraient pas été de grands gaillards comme ils le sont devenus. Alors je gueulais, j'insultais les débutants qui pensaient facile d'entrer à l'armée. Si je ne l'avais pas fait, s'ils n'avaient pas eu peur de moi, ils ne s'en seraient pas sorti au front et j'aurais eu plusieurs morts sur la conscience. Difficile donc de passer du méchant entraîneur de l'armée au gentil professeur d'école. J'imagine que je dois prendre exemple sur mes collègues...oui, je m'en sens capable! Je veux être l'employé du mois! Je veux figurer sur le tableau d'honneur! (pas sûr qu'il existe mais cela montre bien ma détermination).

« Oui je sais papa.»

Non je ne me fous pas de sa gueule, j'enregistre ce qu'il dit...j'ai simplement la réputation d'un mec cinglé à tenir et j'suis pas du genre sérieux, je suis certain qu'il voit clair dans mon jeu et qu'il ne va pas le relever...enfin j'imagine. « Faut que tu fasse mieux que ça. » J'affiche une mine surprise et offensée. Parce que oui, je le suis clairement. Je me sens un peu comme un gamin qui aimerait être félicité quand il fait un effort, ça pousse toujours ce dernier à faire mieux pas vrai ? bon certes je suis pas un gamin mais j'aurais voulu être un peu mieux encouragé que ça. Enfin, j'ai tellement montré ce côté dépravé et inutile à mon meilleur ami que finalement, j'peux pas lui en vouloir de ne pas vraiment croire en ces fameux efforts que je dis faire. Mais vraiment, j'en fais! Je prends vraiment sur moi et j'aimerais qu'il s'en rende compte.

« Et bah je te mets au défi de venir à l'un de mes cours à l'improviste.»

Il se fera son propre avis comme ça. « Non, j'ai cours à la première heure demain. » Je lève les yeux au ciel...pourquoi diable à t-il accepté de passer la soirée avec moi dans ce cas ? il sait très bien comment ça finit avec moi! Je comprends qu'il ne veuille pas avoir l'air d'un con face à ses élèves demain mais tout de même...il pourrait au moins faire semblant de s'amuser en ma compagnie! Ou est donc passé mon fidèle compagnon ? Celui qui m'a accompagné dans mes délires autrefois aurait donc disparu ? Non, je ne veux pas y croire! Mon petit Joe restera le Joe que j'ai toujours connu! Il ne deviendra pas le quarantenaire coincé du fion...jamais! « Je te signale d'ailleurs, que toi aussi, et que t'auras pas écumé demain... » La clope entre les doigts, je m'allonge sur les genoux de mon compère et après avoir tiré une taf', je lui envoie la fumée en pleine tronche.

« Tu me foutrais pas à la porte, des fois ? »

sans titre, parce qu'on ne sait jamais comment ça va finir!

« Oui je sais papa. » Qu'est-ce qu'il peut être chiant à tout prendre à la rigolade. Il n'a pas l'air de piger l'importance de ses faits, de ses gestes, de ses paroles... Pourtant Joe était persuadé que cet idiot était conscient de son problème, qu'il ouvrait un peu les yeux. Mais c'était comme si la situation lui convenait. Comme si rester seul, enfermé dans son passé, lui semblait plus agréable que de tourner la page, et d'avancer. Pourtant, on ne lui demande pas d'oublier. Bien au contraire. Juste de tourner la page. D'avancer avec sa douleur, et d'aller vers quelque chose de meilleur. Il est encore jeune, il a tant à découvrir. Sourire, aimer, s'amuser, avoir des enfants. Pourquoi se privait-il de tout ça ? Son ex-femme n'aimerait certainement pas le voir comme ça. Alors après un bref silence, Joe levait de petits yeux compatissants vers lui, calmant ses nerfs, comme il en avait si bien l'habitude. Un calme implacable, paisible, et pourtant tant de choses à dire et contredire.

« Elle n'aimerait pas te voir comme ça Jake. »

Murmurait-il lentement, espérant que chacun de ses mots frappe l'esprit de son ami.

« Elle voudrait que tu avance, que tu tourne la page, que tu refasse ta vie. Si c'était elle que tu voyais se détruire comme ça, comment tu réagirais ? Tu ne crois pas que t'aurais aimé qu'elle avance, qu'elle se remarie, qu'elle goutte à la vie ? »

Joe ne connaissait pas son ex. femme, mais il en savait assez pour se douter que la jeune femme, si elle les voyait d'en haut, devait avoir mal. Mal de le voir se détruire, mal de le voir boire, s'empêchant de s'attacher à qui que ce soit. Au lieu de le toucher ses phrases pourtant si percutantes semblaient lui passer au dessus de la tête. Le voilà qui s'allongeait sur les jambes de Joe, lui crachant sa fumé à la figure comme s'il essayait de lui faire un tour de charme. Joe en détournait la tête, éloignant la fumée blanche d'un signe de la main. « Tu me foutrais pas à la porte, des fois ? » Souriant d'une mine blasée, le plus âgé descendait ses yeux clairs vers Jake, arquant un sourcil.

« Jake, qu'est-ce que tu cherche exactement ? Tu veux te faire renvoyer ? »

Y'aurait plus simple que jouer les cons et arriver complètement ivre en classe. Il pourrait se taper une élève, tourner une sex-tape voir même les deux. Non, il semblait préférer opter pour la façon la plus lente, entacher son image au passage. Joe aurait tellement aimé avoir les bons mots pour le réveiller, et le voir se ressaisir...